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Pierreg's avatar
Pierreg committed
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 cucu2020
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À comprendre ce titre, vous vous cassez le cul en vain.

C'est pourtant pas difficile.

Cucu, c'est l'abbréviation de cucurbitacées: vaste famille de plantes,
comprenant citrouilles, potimarrons, courgettes, concombres

2020, c'est l'année.

Qu'est-ce qu'elle a de spécial, cette année?
C'est l'année de la pandémie de coronavirus. Nous sommes au milieu
(espérons-le!) quand j'écris ces lignes.

On se focalise à ce jour (fin Avril) sur les problèmes de confinement,
de contagion. Mais ce qui va venir, très certainement, c'est une
situation de famine, causée par:

- faible production, due à paysans malades, manque de main d'oeuvre.
- flambée des prix, en conséquence.
- des "consommateurs" démunis, appauvris par la crise.

Si c'est pas votre problème, si vous êtes à l'abri du besoin, et
indifférent au besoin des autres, passez muscade, courez lire les
échos, et ne mettez plus les pieds ici.

Ce que je propose ici s'inscrit dans le mouvement "incredible edible",
et ses différents avatars.

Quel intérêt présente le cucu dans ce contexte?

- le cucu est à la fois légume vert, et un peu farineux, donc plutôt
  nourissant.
- sa culture est plutôt rustique.
- Surtout, contrairement à beaucoup de plantes, et notamment de
  plantes comestibles, il est capable de proliférer sur un sol "mal
  décomposé": compost frais (pas trop quand même), ou fumier.


Conditions:
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Coopérer au projet cucu2020 demande qu'un certain nombre de conditions
soient réunies:

- Vous avez un bout de terrain à votre disposition.
- Vous avez un minimum d'expérience de jardinage (ou des amis ou
  parents qui peuvent vous aider).
- Vous avez à proximité un haras, ou l'on élève des chevaux, et les
  moyens de transporter du fumier: 1 m3 pour un petit espace, 10 m3
  en étant un peu sérieux, 50 m3 pour faire les choses en grand.
- Mais surtout, vous êtes plus le genre à vous bouger le popotin qu'à
  attendre de Dieu ou de l'état la solution de vos problèmes.

Puis?
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Vous commencez par négocier avec le haras la possibilité de prendre du
fumier. Ce n'est plus tellement valorisé, le fumier est souvent enlevé
par des camions, en tout cas en région parisienne, il seront
probablement enchantés de votre proposition.

Puis vous approvisionnez les graines de cucus. Il importe de choisir
des espèces:

- comestibles, toutes ne le sont pas!
- pas trop exotiques, il faut qu'ils trouvent preneur.
- coureuses: potirons, potimarons sont coureurs, courgettes restent
  sur place.
- avec une bonne conservation: les circuits de distribution non
  commerciaux seront lents, vous ne voulez pas avoir trop de perte:
  les concombres se défraichissent vite par exemple.

Avec les graines, vous pouvez faire des plants: typiquement, dans un
godet, bien arrosé, enfermé dans un sac en plastique blanc ou
transparent, accroché quelque part où il ait de la lumière, et du
soleil plusieurs heures dans la journée: la chaleur va le faire partir
vite, trop de soleil le grillerait.

Le fumier, au lieu de l'étaler dans le jardin, vous le conservez en
tas. S'il est frais, il va chauffer 3 ou 4 semaines, ce qui va
accélérer la décomposition.

Vous placez vos plants autour, ou du moins à proximité, du tas. En
terre, de façon que des racines trouvent le chemin du tas de
fumier. Vous arrosez tous les jours la première semaine, puis vous
espacez.

Dès que les racines ont trouvé le tas, elles vont y proliférer, et le
cucu courreur va courrir, courrir, et faire des fruits en pagaille. Il
va falloir tailler, pour:

- avoir plutôt une dizaine de gros fruits qu'une centaine de petits.
- pouvoir poser le pied par terre, sans risquer d'écraser une tige.

Qu'est-ce qu'on fait des fruits?
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- les manger soi-même.
- les conserver: potimarons et citrouilles se gardent tout l'hiver
  sans problème.
- donner aux voisins.
- donner aux restos du coeur, aux infirmières, aux toubibs.
- les vendre au marché.
- laisser les voleurs s'en emparer.

Dans ce dernier cas, la dimension éthique, et l'utilité économique de
votre geste sera conservée: baisse de la pression des prix,
désarmement du voleur (cf Jean Valjan).

Si vous privilégiez le partage, vous pouvez aussi:

- avoir le tas de fumier chez vous, et les cucus qui courrent sur la
  prairie voisine, accessible à tous.
- si votre propriété est délimitée par un grillage, faire grimper
  concombres, cornichons ou patissons sur le grillage: vous en
  récupérez une partie, les passants le reste.

Bien sur, quelques crétins vont récolter sans respect pour les
récoltes à venir, pour les autres, saboter, et ce sera un crève
coeur. Et alors? D'autres crétins massacrent la planète, combien
d'entre nous ont pris un fusil pour s'y opposer?

Du coup, et c'est la logique d'"incredible edibles", pourquoi ne pas
faire tout ça directement dans un espace public? Peut être pas sur la
pelouse que Mr le Maire entretient à grands frais, peut être pas sans
en parler aux édiles.

Cucus, résistance et diversité
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Il me semble peu intéressant de mettre plusieurs plants de la même
espèce sur un même tas de fumier: un seul plant est capable de
coloniser tout l'espace. Mais on ne peut pas garantir que les feuilles
ne vont pas être attaquées par le mildiou (ou est-ce bien le mildiou?
une sorte de moisissure blanche sur les feuilles, souvent observée en
fin de saison). Avoir différentes espèces améliore la résilience de
l'ensemble: on vire les feuilles attaquées, voire toutes les
ramifications du plant, d'autres plants occuperont le terrain.

Graines bio?
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J'ai longtemps considéré que prendre des graines bio n'était pas
utile: la faible quantité de pesticides portée par la graine est sans
impact réel.

J'avais tort. Le problème n'est pas là, mais dans le choix des
variétés: l'industrie semencière pousse à l'utilisation de variétés
sensibles aux maladies: chacun pourra constater que les plants non
traités tombent malades, et que donc les écolos sont d'aimables
plaisantins, qu'on peut ne pas emprisonner, mais à qui il ne faut pas
confier les clefs de la planète.

Prenez donc vos graines chez Kokopelli, Ferme Ste Marthe ou autre
producteur bio, c'est pas plus cher, et choisissez des variétés
rustiques.

Replanter les graines extraites des légumes? Vous pouvez essayer, mais
les cucus s'hybrident facilement, la pureté variétale n'est pas
garantie. Et le risque est réel de vous retrouver avec un fruit au
goût bizzare.

Semer direct
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Une alternative à la confection de plants est de semer les graines
directement, sans passer par des plants. Ok, si le temps s'y prête, et
il semble s'y prêter.

Les plants ont 2 intérêts:

- démarrer plus tôt dans la saison.
- ne pas exposer les jeunes pousses à se faire bouffer, par des
  bestioles minuscules, qui n'auront même pas assouvi leur faim! Il
  n'y a pas que les hommes à consommer bêtement!

Ce qui est semé directement, sans passer par l'étape plant, les
carottes par exemple, c'est semé "serré", et éclairci par la
suite. Les escargots peuvent bien en bouffer les 3/4, le quart restant
suffit.

Donc si vous semez direct, mettez plus de graines. Ou panachez les 2
solutions. Allez, je vous donne carte blanche.

Arroser:
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L'intérêt du tas de fumier, c'est qu'il conserve l'humidité,
longtemps! arrosez-le de temps en temps, assez lentement pour que
l'eau pénètre et ne ruisselle pas. Plus le tas est gros, plus on peut
espacer les arrosages.

Les variétés coureuses essaient de s'enraciner ailleurs qu'au pied:
soulevez une tige, vous voyez de loin en loin de gros boutons blanc,
amorces de racines. Si ça trouve une terre propice, un peu humide,
meuble et riche, ça va s'enraciner. Faites ça si vous avez du terrain,
de l'eau à revendre, ça donnera d'autant plus.


Tout manger!
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Potimarron et butternut, pas besoin de les éplucher! Cuite, la peau
est comestible. C'est d'autant moins de travail de pluche, d'autant
plus à manger.

Les graines peuvent se faire sécher, griller, et manger. pas ma tasse
de thé. Mais les oiseaux apprécieront.

Mais les feuilles, et les jeunes pousses, peuvent se manger également!
cuit à l'eau ou à la poele, comme n'importe quel légume, c'est très
bon... quand on aime les légumes! Ne prenez pas les vieilles pousses,
elles sont filandreuses, ou épluchez les, comme on fait avec les
asperges.

Organiser, se parler
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La beauté de telles initiatives, c'est qu'on n'a pas besoin de se
réunir, de discuter, de voter. Chacun agit dans son coin, et si on est
nombreux, l'impact sera réel.

Mais on peut vouloir échanger sur les techniques, échanger des
graines, demander des conseils. Je n'ai pas de solution prête. Je suis
refuznik de Facebook, mais je ne peux pas empêcher tel ou tel de créer
un groupe.

Ce message est posté sur "le gitlab de l'électrolab", pas vraiment
l'outil le plus accessible au jardinier de base. Url:
https://code.electrolab.fr/Pierreg/cucu2020
Je donne mon mail, au cas où "la mayonnaise prendrait", et qu'il
faille organiser quelque chose de plus sérieux:
pierre.imbaud@gmail.com